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Espèces végétales invasives du Grand-Est


Qu’entend-on par « espèce invasive » ?

Une espèce invasive est une espèce exotique importée volontairement ou non dans un milieu, et susceptible de provoquer des nuisances à l'environnement et/ou à la santé humaine et animale. Cette appellation regroupe donc des espèces végétales non indigènes (non natives), ayant la faculté de se reproduire et de se maintenir dans leur milieu d’introduction tout en développant une dynamique d’expansion rapide appelée « prolifération ». Cette prolifération nuit donc à la biodiversité locale et tend à former des peuplements monospécifiques : à très faible diversité.

Ce type d’invasion biologique est aujourd'hui l'une des causes principales (avec la dégradation/ disparition des habitats écologiques), de l’érosion de la biodiversité dans le monde.

Quelles actions mener ?

La prévention contre la propagation des espèces végétales invasives nous concerne tous. Pour limiter cette dernière nous devons :

  • Éviter d'introduire nous-même des espèces végétales non indigènes dans les jardins, les milieux naturels, les parcs...


  • Ne pas favoriser la colonisation par dégradation des milieux. Par exemple, l’accumulation d’azote dans un milieu favorise la prolifération de la renouée du Japon (voir ci-dessous).


  • Ne pas acheter de plantes exotiques sans informations sur leur potentiel invasif.


  • Et surtout : informer le plus rapidement possible les collectivités locales lors de la découverte d'une espèce potentiellement invasive.


Les espèces invasives sont sans doute beaucoup plus présentes que vous ne l’imaginez ! C’est pourquoi nous ne traiterons pas dans cet article de chacune d’entre elles mais seulement de deux exemples de plantes comptant parmi les plus envahissantes dans notre région : la renouée du Japon et le robinier faux acacia.


Pour les plus curieux cliquez sur les liens suivants pour avoir une liste exhaustive des plantes invasives : en Lorraine, en Alsace et en Champagne-Ardenne.


Renouée du japon (Fallopia japonica)

La renouée (voir photo ci-contre), semble avoir été introduite dans le nord de la France lors de la première guerre mondiale. Les cavaliers Anglais y


auraient en effet cultivé la plante afin de nourrir leurs montures. Depuis, on retrouve la renouée partout dans le Nord et l’Est du pays : au détriment des plantes indigènes dont les populations chutent.


Pourquoi est-ce un danger ?


La plante préfère les sols humides, c’est pourquoi on la retrouve en grand nombre au niveau des berges et en bordure des étangs. Elle cumule deux modes de reproduction :

  • Le premier est sexué et effectué par les graines contenues dans la fleur. Ce mode de reproduction n’est toutefois pas le plus « invasif » car les graines sont peu nombreuses et généralement non viables (en Europe la plante est considérée comme stérile). Il ne s’agit donc pas d’un mode de reproduction facilitant l’implantation de la renouée par rapport aux autres espèces.


  • En effet le mode le plus utilisé et celui facilitant la prolifération de la renoué est la reproduction végétative. La plante produit des clones d’elle-même sans interactions avec d’autres spécimens. Cette reproduction est effectuée par les rhizomes (tiges souterraines pourvue de réserves alimentaires mais différent des racines de par la structure interne). Celui favorise la présence de la plante car, à partir d'un petit fragment de rhizome ou d’une bouture de tige : la plante créer des clones. Cette dissémination est réalisée essentiellement par l’eau, l’érosion des berges des rivières et l’homme… Les déplacements de la terre contenant ces résidus de renouée (par les travaux notamment) permettent à la plante de se retrouver dans des endroits où elle n’aurait jamais dû être.

C’est donc en premier cette facilité que la renouée du Japon a à se reproduire qui fait d’elle un danger pour la biodiversité végétale. Mais il ne faut pas oublier sa faculté à éliminer ses concurrents ! Pour cela, la plante a élaboré une stratégie de compétition bien rodée :

  • La renouée du Japon sécrète des substances toxiques par les racines qui font mourir les autres plantes. Celles-ci périclitent lorsqu’elles les absorbent par leur système racinaire en voulant prélever les nutriments nécessaires à leur croissance.


  • Les tiges peuvent atteindre trois mètres et possèdent de nombreuses feuilles longues et plates (de longueur 20 cm pour 10 de largeur en moyenne). Grâce à cette masse végétale : la renouée prive ses concurrentes de la lumière nécessaire à leur croissance et accapare l’espace. A noter également sa croissance de 1 à 8 cm par jour qui lui permet largement d’atteindre une hauteur de 3 mètres en 2 mois au printemps.


Moyens de lutte :


On ne connaît pas encore de lutte chimique efficace pour empêcher la renouée de s’installer et de proliférer. La lutte biologique est actuellement à l’étude en Angleterre avec la recherche de parasites nuisant à la renoué mais pas au reste de la biodiversité. Il semble donc qu’à l’heure actuelle, la seule façon de préserver les plantes indigènes de la compétition avec la renouée est l’arrachage systématique des pousses (les racines viennent assez facilement).


Robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia)

Il s’agit d’un arbre (photo ci-contre) atteignant 20 à 30 m de haut. Celui-ci est reconnaissable à son tronc gris-brun, à ses épines régulières parcourant le tronc mais surtout à ses feuilles très divisées en folioles ovoïdes.

Pourquoi est-ce un danger ?

Les caractéristiques de cet arbre reflètent sa tendance invasive :

  • Son bois imputrescible : le robinier faux-acacia contient une toxine qui l’immunise contre les insectes et les champignons.

  • Ses épines découragent les mammifères herbivores de le joindre à leur régime.

  • L’arbre produit des graines en très grandes quantité ce qui facilite sa reproduction.

Celles- ci entraînent donc :

  • Une reproduction favorisée qui lui permet de supplanter la concurrence. C'est une espèce qui s’implante même sur les sols pauvres ce qui le rends très compétitif et donc plus menaçant pour la biodiversité locale.

  • Une disparition de l’entomofaune (des insectes). En effet, les insectes ne peuvent plus consommer les feuilles ou le bois (on parle respectivement d’insectes phytophages et xylophages des arbres constituant leur milieu, ceux-ci disparaissent ou migrent ce qui perturbent tout l’écosystème.

  • Le faux acacia fait partie des fabacées : il fixe l’azote atmosphérique grâce à des bactéries situées dans ses racines. Cela modifie le milieu en enrichissant le sol en azote. Des prairies naturelles riches en biodiversité disparaissent à cause de la multiplication de l’arbre.

  • La floraison importante du robinier concurrence celles des autres plantes à fleurs qui ne se reproduisent plus, faute de pollinisation.

Moyens de lutte :

Au vu de la tolérance de l’arbre concernant les divers facteurs biologiques et chimiques il est très dur de s’en débarrasser. Il ne reste, comme pour la renouée, que des moyens mécaniques :

  • La coupe et le dessouchage

  • Le ramassage systématique des rejets

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