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Le renard roux : Auxiliaire ou Nuisible ?

Bonjour à tous !

Un premier article pour lancer notre blog et celui-ci sera en accord avec notre logo puisque nous traiterons du renard roux.


Pourquoi lui ?

Parce que les Commissions Départementales de Chasse et de Faune Sauvage (CDCFS) l’ont admis comme une espèce nuisible dans tous les départements de notre région. Cela induit une chasse accrue (battues, collets, cages…). Selon les bilans de la Fédération des Chasseurs de Moselle, 13 000 à 15 000 renards sont tués chaque année dans le département. Et pour cause, ceux-ci sont chassés plus de 10 mois sur 12, piégés toute l'année, ou déterrés avec l'aide d'outils de terrassement et de chiens…

Toujours est-il que l’étiquette de nuisible collée sur le goupil est fortement contestée par certains dont nous partageons la plupart des convictions à ce sujet. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre bout à bout les informations scientifiques que nous avons pu recueillir afin d’analyser la place du renard dans notre écosystème.




Un besoin de réguler l’espèce ?

Un argument revenant souvent lorsque l’on justifie la chasse au renard est celui d’empêcher la prolifération de l’espèce. Qu’est-ce que cela signifie ?


Une fausse menace pour la biodiversité :

Pour certains, il s’agit de permettre aux lièvres, aux faisans et aux perdreaux de repeupler la région. En ce qui concerne le lièvre, sa raréfaction est davantage due à la contraction de la tularémie et à l’humidité qu’à la prédation… Quant aux perdreaux et aux faisans, leur « place » dans notre région est plus que risible. En effet, ces deux espèces sont implantées par l’homme dans le nord-est de la France depuis une dizaine d’année afin de satisfaire les adeptes de la chasse au petit gibier. Hors il s’agit de mets de choix pour le renard qui va entrer en compétition avec les chasseurs. Ceux-ci vont pouvoir abuser de son statut de nuisible et organiser des battues afin de pouvoir profiter de leur gibier. Gibier qui, de toute façon, ne parvient pas à s’adapter aux conditions locales si on lui laisse le temps de profiter de sa « liberté »… L’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) dénonce la disparition de 600 renards en 2013 pour préparer à l’importation de 9000 faisans entre 2013 et 2015.

Le renard ne semble pas être une menace pour la faune autochtone.



Un risque sanitaire pour l’homme ?

Le renard est connu être le porteur de 2 zoonoses : infections transmises à l’homme par une espèce animale.


  • La rage :

La rage, cette maladie parle à bon nombre d’entre vous, et il est vrai que le renard en a été le principal vecteur il y a quelques années. Mais qu’en est-il à l’heure actuelle ? Eh bien, la rage est considérée comme éradiquée du territoire français depuis le 30 avril 2001 par arrêté du ministre de l’agriculture ! Les membres de l’Entente de Lutte Interdépartementale contre les zoonoses s’accordent d’ailleurs à dire que ce résultat n’a pas été obtenu grâce aux limitations de la population du renard mais grâce à la hausse des pratiques d’hygiène et au fait de vacciner les renards. Cette « image » de porteur de la maladie continue pourtant de lui coller à la peau et justifie entre autre, selon certains, sa place dans la liste des nuisibles, d’où une nécessité de mettre à jour l’information.


  • L’échinococcose alvéolaire :

L’échinococcose est une infection parasitaire due au développement de la larve d’un ver dans le foie. Cette larve parasite l'intestin grêle de certains carnivores ayant ingéré des rongeurs infectés. Le renard est donc un porteur potentiel de cette infection tout comme les chats et les chiens que nous aimons avoir à nos côtés... Cette maladie commence par une lésion au niveau du foie et peut s’avérer mortelle pour l’homme s’il elle n’est pas soignée à temps. Cependant l’échinococcose est assez rarement contractée par l’homme : les données européenne font état de près de 600 cas en 2002 sur tout le continent ce qui reste très faible. De plus, une étude menée par l’Entente de lutte interdépartementale contre les zoonoses entre 2010 et 2013 démontre que la chasse aux renards ne diminue pas la fréquence de contaminations. Une de leur équipe à suivie et régulée deux populations près de Nancy (Meurthe et Moselle) sur une durée de 3 ans. 1 100 renards ont été abattus et le taux de renards contaminés a grimpé de 40% en 2010 à 50 à 75 % en 2013.


Le renard n’est donc pas une réelle menace pour l’homme au sens sanitaire et il n’y a pas lieu de « limiter » les populations pour prévenir de d’éventuelles zoonoses.


Un chasseur de volaille hors pair :

Le renard est connu, à raison, pour être la terreur des poulaillers. Est-ce suffisant pour l’incriminer ?

Soyons concis : les moyens actuels permettent sans l’ombre d’un doute de parer un poulailler à d’éventuelles attaques de renards. De nombreux types de clôtures ont été développés et se révèlent efficace contre le prédateur. Nous pouvons comprendre les réactions des éleveurs constatant les dégâts occasionnés dans leur poulailler, toutefois, pouvons-nous déclarer que le renard est une menace pour l’homme parce qu’il remplit son rôle de prédateur ? Le goupil ne fait pas de cartons semblables à ceux de son cousin le loup pouvant mettre un éleveur en faillite.


Et ses bienfaits dans tout ça ?

Il semble donc que nous pointons du doigt beaucoup de méfaits liés à la présence du prédateur dans nos régions mais qu’en est-il de ses apports ?

Plus que de poules le renard raffole des rongeurs : mulots, musaraignes, rats… De cette façon il agit comme un précieux auxiliaire des cultures et de nombreux agriculteurs lui sont reconnaissants de limiter l’impact des rongeurs sur leur production céréalière. Suite à l’élimination systématique du prédateur, les populations de rongeurs ont vu leur chiffre exploser et les cultures de nos régions se sont vues infestées par ces ravageurs. A tel point, que pour pallier l’absence du goupil, la FREDON lorraine (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) a autorisé un temps en 2015 l’utilisation du bromadiolone sur les cultures : un anti-coagulent hautement toxique pour les rongeurs mais aussi pour leur prédateurs (à l’instar des rapaces…)

Si le renard venait à disparaître du territoire, les surfaces agricoles seraient alors ravagées par les rongeurs ce qui nous contraindrait à riposter à coup de pesticides et autres substances toxiques.

Nous nous devons également de souligner son formidable rôle de nettoyeur de la nature : en se nourrissant des cadavres et animaux malades, celui-ci évite la transmission de maladies qui toucheraient des populations entières d'animaux sauvages.



Conclusion :

Les connaissances scientifiques sur la faune locale ont suffisamment progressé ces dernières années pour admettre que la place du renard sur la liste des nuisibles n’est pas nécessaire. Les croyances populaires doivent être dépassées. Si l’acharnement à l’encontre du renard roux ne cesse pas, celui-ci finira par subir le même sort que le lynx et nos agriculteurs seront les premiers à en faire les frais. La chasse au renard semble davantage être une passion ou un loisir qu’une véritable mission écologique.

Il semble fort heureusement que le vent tourne et que cet animal reçoive davantage de soutien du monde urbain et agricole depuis quelques années. Cette prise de conscience est véhiculée par les actions de quelques un à l’image d’oiseaux nature, de l’ASPAS et de bien d’autres dont nous vous invitons à vous documenter.

Pour nos lecteurs qui aimeraient continuer de se renseigner, nous vous proposons le formidable documentaire réalisé par le naturaliste Frank VIGNA « l’odeur de l’herbe coupée » qui regroupe les points de vu d’absolument tous les acteurs confrontés à l'animal en question.

Celui-ci est disponible en cliquant sur le lien ci-dessous.

http://www.aspas-nature.org/actualites/un-documentaire-sur-le-renard-et-les-acteurs-de-sa-vie/

Nous tenons à remercier Teddy Bracard pour ses superbes photos !

N'hésitez pas à réagir par rapport à l'article.

Merci d'avance et à très bientôt !

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